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Tu voudrais savoir qui tu es.

Ta tête brouillée de couleurs et de fulgurances.

Tu te tournes et te viennent parfois les sons et la lumière.
Ta tête se retourne. Les images t’entourent, le gout de l’encre, le brou de noix, les formes enchevêtrées,
l’huile qui sèche sur le bois des pinceaux, l’ivresse traitresse de la térébenthine.

Ne pas croire pourtant ce que tu vois. A mesure que s’éloigne ce que tu poursuis, comme tes yeux se posent sur ce que tu voudrais fixer. Comme tu te retournes encore, et remarque comme tout disparait.
Qu’y faire, le rêve de la peinture t’emplit la bouche et la lutte avec la toile parfois t’épuise, tu trébuches, tombes et te relèves, tu te déplaces comme un manche. Ta démarche brinquebalante finit par révéler le chemin qui te suit.

Tu voudrais savoir qui tu es. Cette motte de terre que tu malaxes pour lui donner forme, tu la tords, la déchires, la recolles, et la creuses, mais sans cesse elle t’échappe.
Combien faut-il se décevoir, remettre l’ouvrage, s’éblouir, se désespérer, glisser et puis y revenir, recommencer.

La musique des formes qui se superposent, l’étrange ballet au fond de tes rétines.
Ce pincement dans ta poitrine.

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